dessins et photogrammes

chambre obscure

Lucie Béguin, photographie numérique couleur, 24cm x 30cm, 2021

La camera obscura est un dispositif qui permet d’obtenir à l’intérieur d’une boîte une image réduite et inversée d’un panorama ou d’objets éclairés. Ce procédé optique est l’ancêtre de la photographie puisqu’en plaçant un papier photosensible sur la surface plane opposée au panorama à l’intérieur de la boîte, on peut obtenir un sténopé. Ce procédé a également été utilisé par des maîtres de la peinture comme Canaletto ou Vermeer pour reproduire un décor ou une scène d’intérieur. J’utilise cette technique dans la seule pièce de mon appartement pour reproduire la vue de la seule fenêtre qui laisse entrer la lumière. En obstruant la totalité de la vitre et ne laissant passer les rayons lumineux de l’extérieur que par un cercle, j’obtiens l’image des toits de zinc et d’argile noire de Paris .L’utilisation d’un objectif me permet de l’insérer dans un tondo. Les questions techniques du médium comme la prise de vue ou encore la mise au point sont évacuées. Le paysage se trouve diminué et enfermé dans un cercle au milieu d’une obscurité profonde et infinie, obscurité de la pièce au moment de l’élaboration de l’image, et obscurité rendue sur l’image elle même. Je me place ici dans le ventre de l’appareil photographique ; je cherche à aborder les questions de perception du réel, d’enfermement et de distanciation. Je créé une image mentale et un sentiment d’isolement à partir d’une réalité distordue

48.887669, 2.359742

Lucie Béguin, 48.887669, 2.359742, série de neuf dessins, 17cm x 25cm, papier, stylo noir, 2019

48.887669, 2.359742 est une série de dessins au stylo Bic, de petit format et sur papier fin, créés à la suite d’un déplacement dans l’espace public. La recherche de terrains vagues et de constructions abandonnées donne lieu à des photographies de ces endroits et des murs autour de ces espaces en jachère. Ces photographies sont ensuite reproduites par superposition grâce à la lumière et à la finesse du papier ici utilisé comme un calque, avec des jeux d’omission et de remplissage. Cette pièce propose un regard sensible sur l’architecture en creux, construite, imaginaire ou encore fantomatique. Le choix de certaines lignes de force ou de fuite laisse le spectateur libre de reconstruire ses propres architectures hybrides, à partir de souvenirs, de composer ou recomposer des architectures entre nostalgie d’espaces vides, espoirs de refuges à reconstruire ; entre espace public et espace intime.

Flashback

Lucie Béguin, flashback, série de six photogrammes, tirages sur papier argentique, 24cm x 30 cm, 2014

« Cette démarche protocolaire et intentionnellement réflexive se manifeste encore dans un autre ensemble de pièces qui a pour objet les notions distinctes mais croisées de « trace », d’« empreinte » [cette pièce] est élaborée à partir des moyens de la photographie, dont on fait un usage extravagant en la circonstance.
En posant un appareil photo sur une feuille de papier argentique, puis en déclenchant le flash, Lucie Béguin réalise une série de photogrammes qui prennent le procédé à rebrousse-poil. L’appareil, au lieu de capter, est «imprimé » à diverses reprises sur le papier sensible ensuite révélé selon une méthode qui entraîne l’altération progressive de l’image. »

Lucie Béguin, Flashback, photographie argentique baryté, 24cm x 30cm, 2021